mardi 5 août 2008

Droit de religion ou liberté de religion

L'Eglise de Scientologie demande à vivre dans une société où des gens de toutes religions puissent travailler ensemble à la poursuite du bien commun grâce au respect des droits de l'homme et à la neutralité de l'état français.

PARIS – Chaque semaine, des membres de l'Eglise de Scientologie distribuent des livrets « Les Droits de l'Homme, qu'est-ce que c'est? » dans les rues de Paris et dans les grandes villes de France pour sensibiliser les gens au respect des droits fondamentaux. A l'occasion du 14 Juillet, journée commémorative de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, avec ces livrets reprenant notamment les 30 articles de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, les membres ont mis l'accent sur l'article 18 de 1948 concernant « la liberté de pensée, de conscience et de religion » et qui rejoint l'article 10 écrit en 1789 en ces termes: «Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses ».

Les membres de l'Eglise de Scientologie revendiquent le respect de la conception française de la laïcité qui implique une neutralité de l’Etat pour pouvoir exercer leur religion en toute sérénité. En effet, il y a quelques mois, le climat a été très tendu quand le sujet de la loi de 1905 a été relancé, cela a engendré de nombreux débats très animés. Une polémique s’est instaurée autour du vieux conflit laïcité-religion, mais tolérer l’un sans l’autre n’est qu’un autre aspect d’intolérance.

La Ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a souligné l’exigence de tolérance et d’ouverture en s’exprimant par ces mots devant l’Assemblée nationale, le 16 janvier : «Oui, la laïcité est une grande et belle valeur de notre République. Nous pouvons nous retrouver sur ce point, mais nous divergeons sur le sens que nous lui donnons. Pour notre part, nous souhaitons reconnaître le rôle de toutes les spiritualités dans notre pays. »

Comme elle l'a déjà annoncé, l'Eglise de Scientologie ne cherche pas à rentrer dans le débat sur les changements de la loi de 1905, par contre, elle revendique le droit et la protection de l’Etat pour la liberté religieuse. Elle demande à ce que le financement des organisations qui luttent contre les mouvements religieux soit annulé car elles se substituent à la Justice, seule compétente pour intervenir au nom de l’Etat.


Déjà en 2003 Alain Boyer, Professeur de philosophie morale et politique à l’Université de Paris-Sorbonne, avait constaté une « montée d'intolérances, de pression médiatique, d’hypocrisie… autour du religieusement et politiquement correct…et de l’intolérable ».

Il avait également souligné: « les manifestations publiques des cultes sont bien prévues par la loi (de 1905) et avec un caractère collectif... Elles font partie de la liberté religieuse. Ceci a été renforcé par la Constitution... Les nouveaux cultes ont du mal à entrer dans ce cadre et à se faire une place à la table de la République ».

Danièle Gounord, porte-parole de l’Église en France, déclare : « Avec notre expansion continue, nous faisons plus que jamais partie du paysage culturel et religieux. Pour être fidèles à leurs convictions, les scientologues se doivent d’agir pour améliorer les conditions dans la société. Ils disposent de solutions reconnues et s’engagent pour promouvoir des actions éducatives (lutte contre l’illettrisme, campagne de prévention contre la drogue), citoyennes (promotion des droits de l’homme et lutte contre la discrimination) et de dialogue interculturel. »

L’année 2007 a été jalonnée par plusieurs reconnaissances de l'Eglise de Scientologie en Europe dont l'une par les autorités espagnoles pour son caractère religieux et son inscription au Registre des Religions, et l'autre par le Portugal, faisant suite à la Suède, la Hongrie, la Slovénie et bien d'autres. Ajouté à cela, le 24 septembre 2007, la Cour Européenne des Droits de l’homme a confirmé la décision d’avril 2007, affirmant que l’Eglise de Scientologie de Moscou peut bénéficier des droits et protections de la liberté religieuse accordés aux organisations religieuses en vertu de l’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme sur la liberté de pensée, de conscience et de religion.

Ce fut une excellente nouvelle pour les scientologues russes mais aussi pour les scientologues des 46 pays qui se trouvent sous la juridiction du Conseil de l’Europe, dont la France. Il est à rappeler que les décisions de la Cour Européenne des Droits de l’homme sont souveraines aux décisions nationales.

La première Eglise de Scientologie fut établie aux Etats-Unis en 1954. Depuis lors, la Scientologie ne cesse de se développer avec plus de 7500 églises, missions et groupes et plus de 10 millions de membres répartis dans 164 pays dont une vingtaine en Europe.