samedi 15 mars 2014

Spiritualité : jetée en pâture à l'opinion publique




"Le XXIe siècle sera un siècle de spiritualité ou ne sera pas", a déclaré André Malraux.

     La tendance à la spiritualité se confirme déjà par l’adhésion croissante de personnes à des idées, des façons d’être et de vivre différentes de celles de la plupart de leurs contemporains.
     
     Vivant dans un monde très matérialiste, certains ont du mal à comprendre ces idées et vont fuir ceux qui y adhérent. Très vite ces nouveaux mouvements religieux (NMR) spirituels (NMS), ou culturels sont rejetés et qualifiés de "sectes".

     Quand l'ignorance ne se limite pas qu'à soi-même mais s’étend à l’ignorance de l’autre, de ses valeurs, de ses habitudes, de sa culture, elle entretient un climat de méfiance et engendre la peur de l’autre.

    Certes, on ne peut réfuter, que physiquement ou de par notre nom, nous ne sommes point différents les uns des autres. Mais le sommes-nous fondamentalement? Nous aspirons à des besoins communs et il est important non pas de juger l’autre, mais de le comprendre. Il s’agit donc d’une acceptation de l’autre, de la coexistence avec l’autre et de la tolérance à l’égard de l’autre.

    Pourquoi donc coller cette étiquette si péjorative à ceux qui "semblent" différents afin de les dénigrer et de les faire passer pour des délinquants voire des criminels?

Ce qui est nouveau fait peur

     Cette attitude n'est pas nouvelle, on peut même dire qu’elle est aussi vieille que le monde. Ce qui est nouveau fait peur et l'apparition de nouveaux mouvements philosophiques a toujours été vue par la société comme un danger à éliminer, remettant en question les croyances et l’autorité établies.

     Lors de la naissance du Christianisme, la société romaine a perçu cette émergence comme une menace à leurs valeurs sociales et religieuses traditionnelles. Ces nouveaux croyants furent durement réprimés et persécutés.
   
     Durant les siècles suivants, tous ceux qui avaient des idées étranges ou différentes couraient le risque d'être accusés d'hérésie ou même de sorcellerie, condamnés à mort par l'Inquisition. Les protestants n'ont pas échappé à ce phénomène lors de l'émergence de ce mouvement et des millions de personnes ont été massacrées durant les guerres "de religion". Ce n'est qu'à la Révolution Française que la liberté de conscience et le libre exercice du culte ont été proclamés lors de la Déclaration des Droits de l'Homme.

     Toutes ces idées nouvelles subissent le même sort: elles sont attaquées, rejetées, discréditées et leurs membres expulsés, emprisonnés ou interdits de pratiquer leur croyance. Tous les nouveaux mouvements ont été, à leurs débuts, pris à parti et qualifiés de "sectes".
  
     En France, les NMR et les NMS sont très réprimés et jetés en pâture à l’opinion publique par des groupes, financés par le gouvernement, qui luttent ouvertement contre les religions qui ne leur plaisent pas, tout ceci au nom de la laïcité. Ces menaces ouvertes sont appuyées par une législation d’exception, la loi About-Picard de 2001, cependant très controversée.

    En mai 2013, la commission américaine sur les libertés religieuses internationales critique, dans son rapport annuel, la France pour leur « laïcité très agressive ». Elle l’accuse de développer « un climat d’intimidation contre certaines formes d’activité religieuse ».

   Certes, il y aura toujours des esprits à l’imagination tortueuse pour prétendre que 172 mouvements religieux ou spirituels, dont le nombre de nos jours a été multiplié par deux ou trois paraît-il, ne sont pas des religions. Ils vont également tenter de déformer leurs principes dans leur contenu.

Une véritable éducation à la tolérance

     Un retour à un véritable respect du plus fondamental des droits humains, la liberté de croyance, permettra ainsi aux religions de jouer pleinement leur rôle pour favoriser le dialogue, la paix, et la tolérance dans une société plus solidaire. Un enseignement des Droits de l'Homme à l’école, accompagné d’une véritable éducation à la tolérance, serait le prix à payer pour une société non discriminante.

    On entend par tolérance le respect des droits universels attachés à la personne humaine. Il ne s'agit pas de renoncer à ses propres convictions mais que chacun jouisse du libre choix de ses convictions et accepte que l'autre jouisse de la même liberté. Dans une société pluriculturelle et plurireligieuse, cette acceptation de la tolérance s'harmonisera avec l'esprit de la diversité des cultures dans notre monde. Il est bien entendu que cette approche sollicitera un engagement politique et moral tant des dirigeants des Etats que des autres citoyens.

   «Face à la montée des fanatismes de toute sorte qui exploitent l’ignorance et la peur de l’autre, la seule solution consiste à cultiver la tolérance », a affirmé Kofi Annan, ex-Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies à l’occasion de la Journée Internationale de la tolérance, le 16 novembre 2004.

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